Sur le chantier
La reconquête des espaces maritimes
Depuis la mise en service du barrage en mai 2009, six années d’action hydraulique ont commencé à produire des effets visibles. Les fonds maritimes baignés par les marées ont progressé de 20 hectares dans un rayon de 1000 m autour du Mont (sur 307 ha, marées de coef. 70-75). Dans les secteurs balayés par le Couesnon, les érosions sont très importantes ce qui montre l’efficacité du système. Autre résultat visible à l’œil nu et scientifiquement mesuré : le front des prés salés, très colonisateur jusqu’à 2009, a nettement reculé (il se situe aujourd’hui à 300 m à l’Est, à 400 m à l’Ouest), ce qui transforme la perception d’un site qui redevient maritime. L’alimentation en eau des deux chenaux du Couesnon par les chasses va continuer à désensabler ces espaces et les maintenir dans le temps.
Les grands travaux hydrauliques à l’œuvre depuis 2005 de l’amont à l’aval du barrage sur le Couesnon, sont terminés. Anse de Moidrey remise en eau et sculptée par des chenaux, canal du Couesnon restauré, séparation du fleuve en deux bras dans la baie et libre divagation de part et d’autre du Mont… Tous ces aménagements redonnent au Mont-Saint-Michel, marée après marée, son caractère maritime perdu.
La métamorphose du site est étonnante mais ne se laisse véritablement apprécier qu’en hauteur. En 10 ans, le projet a effacé plus de 100 années d’ensablement accéléré entre continent et rocher. Aujourd’hui, un paysage disparu est en train de se reformer. Les eaux mêlées de la mer et du fleuve peuvent à nouveau circuler librement. Au cœur de ces aménagements, le barrage conservera toujours la mission clé d’entretenir, marée après marée, ces espaces maritimes et naturels retrouvés.
Terminée en 2015, l’anse de Moidrey avec ses 3 « mains » (7 km de chenaux aménagés en vasières-réservoirs), stocke jusqu’à 300 000 m3 d’eau, indispensables à l’efficacité des chasses du barrage.Trois techniques de dragage et de curage du Couesnon ont été utilisées : un dragage à l’américaine, une pelle amphibie et une drague aspiratrice.A l’aval, le dragage à l’américaine…
Cette technique consistait à rejeter dans le fleuve les sédiments dragués pour qu’ils soient remis en suspension et transportés au-delà du Mont par le courant. L’équipement de dragage reçoit la tangue extraite du creusement des amorces du chenal Ouest comme lors de la construction du seuil de partage. Une fois mélangée avec l’eau, elle est naturellement emportée par les lâchers d’eau du barrage et les marées descendantes. L’évacuation des sédiments était régulée en fonction des cycles de lâchers d’eau du barrage.… et une pelle amphibie
Grâce à un système de chenilles modifié et équipé de flotteurs, cette pelle hydraulique, amphibie opère en milieux humides voire aquatiques. Elle a été utilisée en aval du barrage, essentiellement pour la formation des extrémités de chenaux du chenal Ouest. La pelle équipée d’un godet agitateur sur le même principe que celui du dragage à l’américaine, évacuait la tangue extraite dans le lit du fleuve.
Une drague aspiratrice à l’amont
Largement utilisée dans les ports pour éviter leur ensablement, ce « bateau aspirateur » a curé le lit du Couesnon sur 4,7 km entre le barrage et l’anse de Moidrey. Le mélange tangue+eau extrait était refoulé dans des canalisations vers l’anse de Moidrey pour y être décanté avant sa valorisation agricole (lire aussi les aménagements hydrauliques).